PSITTACOSE-ORNITHOSE

PSITTACOSE-ORNITHOSE
PSITTACOSE-ORNITHOSE

La psittacose est une maladie infectieuse et contagieuse transmise à l’homme par des oiseaux, et principalement par des Psittacidés (perruche, perroquet). Les termes de psittacose et d’ornithose, d’abord séparés comme s’il s’agissait de maladies très différentes, ont fini par être groupés. On dit psittacose-ornithose, plutôt que psittacose seule. Cependant, la psittacose est essentiellement la forme clinique la plus grave transmise par les Psittacidés; en revanche, l’ornithose est, en principe, la forme moins sévère transmise par les autres oiseaux. L’homme et les Mammifères peuvent être contaminés incidemment. Il s’agit donc de maladies entrant dans le cadre des zoonoses. L’agent de la psittacose n’est ni un virus ni une bactérie, mais un agent microscopique qui se rapproche à la fois des rickettsies et des bactéries, et qui est sensible à certains antibiotiques tels que les tétracyclines. Son nom actuel est Chlamydia psittaci , mais les termes de Bedsonia psittaci , de Neorickettsia psittaci , de Miyagawanella psittaci sont encore admis par certains auteurs.

Historique

C’est un médecin suisse, J. Ritter, qui établit le premier, en 1879, une relation entre une épidémie de pneumonie humaine et l’importation de perroquets malades. En 1892, Dubief observa à Paris des cas semblables. Antonin Morange introduisit le terme de psittacose dans sa thèse: «De la psittacose ou infection spéciale déterminée par des perruches» (1895).

En 1929, une épidémie de psittacose éclate à Cordoba (Argentine), centre d’élevage de Psittacidés. Cela pousse les éleveurs à écouler rapidement leurs stocks d’animaux. On assiste alors à une véritable pandémie (1929-1934), qui stimule les recherches. Ainsi, Bedson et ses collaborateurs, après avoir écarté l’origine bactérienne de la maladie, montrent que la psittacose est due à un gros virus. On l’appelle virus L.C.L. (des noms de Levinthal, Coles et Lillie), ou encore Rickettsia psittaci (ce qui était plus proche de la réalité). C’est K. Meyer à San Francisco qui, depuis cette époque, a le mieux étudié cette maladie et son agent. Il a prouvé que de nombreux oiseaux pouvaient véhiculer le germe, et que celui-ci était sensible aux antibiotiques à large spectre.

L’agent de la psittacose-ornithose

Depuis quelques années, on a élucidé la structure de ce «gros virus», dont la paroi, la membrane et le cytoplasme évoquent absolument l’aspect des bactéries. Mais la culture sans cellules est impossible; c’est pourquoi ces germes sont isolés soit in ovo sur l’œuf incubé, soit in vitro en culture de tissus, soit encore in vivo sur l’animal (par exemple la souris blanche), puis conservés à une température variant de – 30 à – 70 oC et lyophilisés.

La forme habituelle du germe, celle que l’on recherche après une coloration de Macchiavello à la fuchsine, est celle du corps élémentaire, arrondi, ayant une paroi, un centre dense et un diamètre de 300 à 450 m 猪 (cf. photo). Les corps élémentaires, inoculés ou cultivés, donnent naissance aux corps initiaux, sortes de vésicules (morulas) juxtanucléaires pouvant atteindre plusieurs micromètres. Du corps initial dérive le corps d’inclusion mature, qui, dans une vacuole pleine d’éléments arrondis, libère après éclatement un nombre plus ou moins considérable de corps élémentaires. Ceux-ci se divisent à leur tour par scissiparité et donnent naissance dans un second cycle à la masse de germes fuchsinophiles visibles sur les frottis après coloration au Macchiavello ou au Stamp.

D’après la classification de Page (1966), c’est le terme de Chlamydia psittaci qui doit être employé. Les Chlamydiaceae entrent, à côté des Rikettsiaceae , dans l’ordre des Rickettsiales [cf. RICKETTSIES ET RICKETTSIOSES].

La maladie de l’homme

L’homme est contaminé parfois directement par les oiseaux, le plus souvent indirectement à partir des matières fécales desséchées des animaux malades ou porteurs de germes.

La forme grave de la maladie, dont la période d’incubation est de 8 à 10 jours, débute par des maux de tête, des vomissements, des douleurs articulaires, une soif intense et de l’insomnie. La fièvre s’élève à 40 oC, voire 40,5 oC. En quelques jours, le malade est très abattu, et présente un syndrome typique, de l’agitation et du délire ou de la somnolence. Très rarement, quelques taches rosées éphémères sont visibles sur le thorax. Le pouls est à 90-100. Dès la deuxième semaine s’installent des signes pulmonaires. La respiration est rapide; les crachats sont muqueux. On note des symptômes de broncho-pneumonie, et quelquefois d’inflammation de la plèvre. À la troisième semaine, la maladie peut évoluer soit vers la mort consécutive à une myocardite, à une complication rénale ou à une thrombose rénale, soit vers la guérison avec une chute progressive de la température vers le 12e jour. La convalescence est longue, avec des signes de dystonie neurovégétative. Les rechutes sont possibles après trois ou quatre semaines. Mais cette forme grave, que les traitements actuels ont fait régresser, est heureusement exceptionnelle.

La forme bénigne, plus courante, débute par de l’asthénie et des vomissements, des céphalées et une température de 39 à 40 oC. Une rhinopharyngite est fréquente, avec quelques signes de bronchite. Au septième jour, on constate soit des signes de pneumonie, soit des signes de congestion pulmonaire. La guérison intervient rapidement, en 7 à 10 jours.

Enfin, à côté des formes neurologiques, caractérisées par de la confusion mentale, un début de paralysie, des myalgies fréquentes, et un syndrome encéphalitique possible, existent des formes pratiquement inapparentes, pour lesquelles le diagnostic n’est souvent pas fait. Le «terrain» n’est pas seul en cause: les variations de la virulence entre les diverses souches pathogènes sont à l’origine de ces diverses formes cliniques.

Dans certains cas, le diagnostic de la maladie est facile à poser: prédominance pulmonaire, contact avec des Psittacidés malades. Dans d’autres cas, deux examens sérologiques, pratiqués à une douzaine de jours d’intervalle, sont nécessaires. On utilise pour cela la technique de fixation du complément, l’augmentation du taux des anticorps étant significative.

Dès que le diagnostic est confirmé, le malade est guéri très rapidement par des antibiotiques à large spectre, tels que les tétracyclines, administrés par voie orale à raison de deux grammes par jour. Si le sujet est très agité, on applique le même traitement, mais en injections et à dose plus faible. On peut ou non ajouter de faibles doses de cortisone. On fera appel aux tonicardiaques et aux soins infirmiers selon les besoins.

Il n’existe pas de vaccin commercialisé pour cette maladie. Seules les mesures d’hygiène sont à prescrire: éviter les contacts avec les oiseaux malades, désinfecter leur cage. La maladie doit être obligatoirement déclarée et suivie de mesures de désinfection (article 19 de la Nomenclature française des maladies à déclaration obligatoire).

La maladie des animaux

Elle se traduit souvent par des signes très discrets. Mais quelquefois, l’abattement, la diarrhée, l’inappétence de l’oiseau malade font envisager le diagnostic. On peut prévenir cette maladie en faisant absorber aux oiseaux des antibiotiques du groupe des tétracyclines.

Épidémiologie

Les Psittacidés importés ont été à la source de la plupart des épidémies, ce qui justifie la surveillance sanitaire très stricte à laquelle ils sont soumis actuellement. On a accusé les pigeons de véhiculer la psittacose-ornithose; mais plusieurs enquêtes effectuées à ce sujet montrent que ces oiseaux sont faiblement infectés. Les Mammifères peuvent être également contaminés et sont parfois capables de transmettre la maladie à l’homme.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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